Bataille de Bouvines
Bataille de Bouvines (dimanche 27 juillet 1214)
La Bataille de Bouvines qui s'est déroulée dans le Nord oppose l'armée du Roi de France, Philippe II Auguste, à une coalition germano-flamande autour de l'empereur du Saint-Empire Otton IV. Les coalisés sont mis en déroute ce qui apporte une victoire éclatante au Capétien. Le Roi Franc va étendre son domaine royal et consolider son pouvoir face à ses rivaux européens.
Illustration de Pierre Joubert.
Selon Georges Duby (Encyclopedia Universalis), Bouvines est une [simple] bataille, c'est-à-dire, selon les conceptions du temps, un duel où deux concurrents décident de s'engager, seul à seul ou accompagnés de leurs amis, afin de forcer le jugement de Dieu et de trancher définitivement une querelle.
Cette bataille s'inscrit dans la série de conflits opposant les Capétiens aux Platagenêts aux XIIe et XIIIe siècles. En 1202 Philippe Auguste condamne Jean sans Terre (successeur de Richard Cœur de Lion) à la confiscation de l'ensemble de ses fiefs situés dans le Royaume de France, il s'empare de la Normandie en 1204 et des terres de la Loire au cours des années suivantes. Victorieux le Roi de France, relègue le Roi d'Angleterre à la portion congrue du Duché d'Aquitaine, réduite à peu près à l'actuelle Aquitaine. En 1214 Jean sans terre réussi à réunir une coalition contre Philippe Auguste. Elle est soutenue par les Comtes de Boulogne, de Hollande, de Flandre, les Ducs de Brabant, de Lorraine, de Limbourg, quelques nobles français mécontents de la royauté tel le Compte de Boulogne (Renaud de Dammartin) et l'empereur du Saint-Empire, Otton IV. Déjà en 1213, la flotte française avait été anéantie dans le Port de Damme, le 31 mai. L'attaque de Jean sans terre part de la Rochelle alors que celle de la coalition vient par la Flandre et le Nord ; la France est prise dans un étau. Jean sans terre parti du Saintonge est arrêté dans la région d'Angers. Philippe Auguste manœuvre en outre afin que les troupes de la coalition au Nord, n'aient pas le temps de recevoir des renforts supplémentaires. Il a dû convaincre ses vassaux et des milices communales à participer, l'unité de la France n'étant pas encore établie, Philippe Auguste doit rassembler ses alliés féodaux.
Otton IV, déjà excommunié, n'hésite pas à attaquer un dimanche, chose que Philippe Auguste se refusait de faire en tant que bon chrétien, il est dans le refus de combat ; ce dernier est en conséquence en situation de défense et contraint de réagir. Bien qu'en infériorité numérique les français capturent des ennemis, Jean sans Terre est contraint de donner plus de pouvoirs à ses vassaux (il est mis sous tutelle par ses barons dans le cadre de la Grande Charte prémisse du régime parlementaire) et Otton IV sera dépossédé de son trône. Une unité politique se dessine en France, rassemblée derrière Philippe Auguste ; pour la première fois une unité nationale s'exprime et va asseoir l'avenir de la royauté : il est coutume de dire que le sentiment national est né à Bouvines.
Suite la Bataille de Bouvines, le Roi d'Angleterre et Duc d'Aquitaine, Jean sans Terre qui avait attaqué conjointement depuis La Rochelle dans le Saintonge doit accepter le traité de Chinon et doit se retirer. Quant à Otton IV contraint de fuir, il est déposé et remplacé par Frédéric II.
Philippe Auguste quant à lui réussit dans le même temps à se faire passer pour le défenseur des intérêts du Saint Siège. Rome s'impose alors comme l'arbitre des Etats. L'issue de la Bataille en faveur des français est vantée comme miraculeuse par le clergé et le Roi célébré comme "Dieu donné", d'autant plus que cette victoire fut suivie d'une période de paix et de prospérité dans le pays. L'événement a une portée internationale en Occident et devient le noyau d'une légende dont la dimension nationaliste dépasse la simple Bataille de Bouvines, elle-même. Le récit est merveilleux chez Guillaume le Breton dans sa Philippide : ce fait d'arme se transforme en fait de Dieu. Philippe Auguste apparaît comme le dernier Roi des Francs et le premier Roi de France.
Pelon J.L 2014 - Bouvines, une bataille aux portes de Lille. - La Voix du Nord.